Sa conversion au christianisme permit à Disraeli d'envisager une carrière en politique. La société britannique du début du xixe siècle n'était pas particulièrement antisémite et plusieurs juifs avaient été députés depuis Sampson Eardley en 1770. Cependant, jusqu'en 1858, les députés devaient prêter un serment d'allégeance à la « véritable foi chrétienne » ce qui imposait au minimum une conversion de forme17. On ne sait pas si Disraeli avait déjà des ambitions politiques au moment de son baptême mais il est certain qu'il regretta amèrement la décision de ses parents de ne pas l'envoyer au Winchester College18. Il s'agissait de l'une des plus prestigieuses public schools d'Angleterre qui formait une partie de l'élite politique19. Ses deux frères cadets y furent scolarisés et on ignore précisément pourquoi Isaac décida d'envoyer son fils aîné dans une institution bien moins cotée20. Il intégra ainsi une école de Walthamstow à l'automne
En novembre 1821, peu avant son 17e anniversaire, Disraeli fut embauché comme apprenti dans un cabinet d'avocat de la cité de Londres21. L'un de ses directeurs, T. F. Maples était non seulement son premier employeur et un ami de son père mais il faillit également devenir son beau-père22,23. Une amitié se développa entre Benjamin et la fille de Maples mais cela n'alla pas plus loin. Les affaires du cabinet étaient fructueuses et le biographe R. W. Davis note que le travail était « le type de fonction stable et respectable dont beaucoup de pères rêvaient pour leurs enfants21 ». Même si ses biographes comme Robert Blake et Sarah Bradford avancent que ce poste était incompatible avec la nature ambitieuse et romantique de Disraeli, il donna satisfaction à ses employeurs et indiqua par la suite qu'il avait beaucoup appris en travaillant dans le cabinet24,23.
Environ un an après avoir rejoint le cabinet de Maples, Benjamin changea son nom de D'Israeli à Disraeli. Ses raisons sont inconnues mais son biographe Bernard Glassman suggère que cela était destiné à éviter toute confusion avec son père25. Les frères et sœurs de Disraeli adoptèrent cette nouvelle version tandis que leurs parents conservèrent l'ancienne25,n 4.
Disraeli visita la Belgique et la vallée du Rhin avec son père à l'été 1824 ; il écrivit plus tard que ce fut le long du Rhin qu'il décida de démissionner29. À son retour en Angleterre, il quitta le cabinet pour, sur les conseils de Maples, devenir barrister. Il s'inscrivit au Lincoln's Inn et rejoignit le cabinet de son oncle, Nathaniel Basevy, puis celui de Benjamin Austen, qui persuada Isaac que Disraeli ne réussirait pas dans cette voie et qu'il devrait être autorisé à mener une carrière littéraire30. Il avait en effet déjà soumis un manuscrit à un ami de son père, l'éditeur John Murray, mais l'avait retiré avant que ce dernier n'ait décidé de le publier ou non31. Après avoir quitté le droit, Disraeli écrivit quelques textes pour Murray mais se concentra sur des activités de spéculation à la bourse32.
En raison de la fin de la domination espagnole en Amérique du Sud, les compagnies minières étaient en pleine expansion et émettaient de nombreuses actions. Sans fonds propres, Disraeli emprunta de l'argent pour investir. Il se rapprocha du financier John Diston Powles qui était l'un de ceux encourageant le boom minier. Durant l'année 1824, Disraeli rédigea trois pamphlets anonymes faisant la promotion des sociétés minières pour le compte de Powles33. Les articles furent publiés par John Murray qui avait beaucoup investi dans le secteur34,32.
Murray avait un temps envisager de créer un nouveau journal du matin pour rivaliser avec The Times35 et en 1825, Disraeli le convainquit de se lancer. La nouvelle publication, The Representative, fit la promotion des compagnies minières et des hommes politiques qui les soutenaient comme George Canning. Disraeli impressionna Murray par son enthousiasme et son engagement dans le projet mais il ne parvint pas à convaincre l'influent écrivain John Gibson Lockhart d'éditer son journal. Après cela, l'influence de Disraeli sur Murray diminua et il fut, à son grand regret, écarté de la rédaction du périodique35. La publication du journal ne dura que six mois en partie du fait de l'éclatement de la bulle spéculative à la fin de l'année 1825 et parce que, selon Blake, il était « atrocement édité » et aurait échoué tôt ou tard36.
L'éclatement de la bulle ruina Disraeli et en juin 1825, ses associés et lui avaient perdu 7 000 £ (environ 574 000 £ de 201115) ; Disraeli ne remboursa complètement sa dette qu'en 184937. Il revint alors à l'écriture pour essayer d'obtenir de l'argent et pour prendre sa revanche sur Murray et ceux qui, selon lui, l'avaient abandonné38. À cette époque, le genre littéraire en vogue était la silver-fork fiction (« fiction de la cuillère en argent ») mettant en scène la vie de l'aristocratie dans des romans généralement rédigés anonymement et destinés aux classes moyennes39,38. En 1826 et 1827, Disraeli publia anonymement les quatre volumes de son premier roman Vivian Grey qui se basait largement sur l'échec du Representative40. Les ventes furent satisfaisantes mais l'œuvre fit scandale dans les cercles littéraires quand l'identité de son auteur fut découverte40. Les nombreux solécismes démontraient que Disraeli, alors âgé de seulement 23 ans, n'évoluait pas dans la haute-société et les critiques furent sévères. De plus, Murray et Lockhart, qui disposaient d'une grande influence dans les cercles littéraires, estimèrent qu'ils avaient été caricaturés et trompés ; ces accusations furent rejetées par l'auteur mais reprises par beaucoup de ses biographes41,42,43,44,45. Dans les éditions ultérieures, Disraeli apporta de nombreuses modifications au texte pour adoucir la satire mais sa réputation en fut longuement ternie37.
Le biographe Jonathan Parry avance que l'échec financier et les critiques à son encontre affectèrent fortement Disraeli et il souffrit d'une grave crise nerveuse pendant près de quatre ans : « Il avait toujours été lunatique, sensible et solitaire par nature, mais il devint alors profondément déprimé et léthargique37 ». Il vivait encore avec ses parents à Londres mais les médecins lui recommandèrent de changer d'air et il occupa plusieurs maisons à la campagne et sur la côte46.
Années 1830[modifier | modifier le code]
Home » Unlabelledfrit d'une grave crise nerveuse pendant près de quatre ans : « Il avait toujours été lunatique, sensible et solitaire par nature, mais il devint alors profondément déprimé et léthargique37 ». Il vivait encore avec ses parents à Londres mais les médecins lui recommandèrent de changer d'air et il occupa pl
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